J’ai vécu une expérience désagréable lors d’une réunion, voulant donner des cours de français pour étrangers, et j’ai voulu l’explorer en groupe de pratique.
Et, après notre séance de pratique, je suis plutôt fier de moi ! En analysant mon comportement passé, j’ai compris quel besoin je satisfaisais.
Le contexte et le stimulus
J’aimerais donner des cours de français pour aider d’autres personnes, approfondir ma connaissance du français et faire des progrès en prononciation et en phonétique. Je me suis donc porté volontaire, pour la deuxième fois, pour donner des cours de français langue étrangère (FLE) dans une association. Une première fois, j’avais eu un entretien où l’on m’a rappelé que l’important était l’empathie envers les apprenants… et l’on ne m’a jamais rappelé.
J’ai postulé, une deuxième fois, comme bénévole dans une autre association et assisté à une réunion de présentation d’une heure et demie. A la fin, j’ai demandé à l’animatrice si elle pouvait donner un cours de phonétique, donnant comme exemple le « u » que de nombreuses personnes prononcent « ou ». Sa réponse fut qu’il était plus important que les personnes aient le courage de parler plutôt que de prononcer correctement les u. Je lui ai répondu que j’avais fait une demande et que c’était ok qu’elle me réponde par la négative. Sa réaction fut :
Il faut qu’on se voit après.
Et ma réponse, immédiate, fut « non ». J’ai attendu la fin de la séance pour prendre le temps de décider si je voulais continuer. Et je lui ai alors dit « je crois que je vais m’abstenir d’aller plus loin » et elle m’a répondu « c’est mieux ainsi ». J’ai ensuite culpabilisé d’avoir répondu « non » rapidement et j’ai voulu approfondir ma réaction en groupe de pratique.
Les besoins explorés
Mon stimulus était « il faut qu’on se voit après ». Voici ce qu’ont donné les réactions des participants, tant du côté de l’émetteur B que du récepteur A (moi en l’occurrence).
Mes besoins étaient de préserver mon temps, mon autonomie, de confiance et d’apprendre. Aucun de ces besoins n’aurait été satisfait. Contrairement à ce que je pensais, ce n’était pas mon besoin d’autonomie qui m’avait poussé à dire non, mais mon besoin de préserver mon temps. Je pressentais que cet appel à un « recadrage » était inutile, mon besoin d’apprendre et de soutien éventuel ne pouvant pas être satisfaits.
Les besoins de B étaient de se sentir en vie, en sécurité. Elle se sentait menacée sur son territoire, en « danger de vie », et avait réagi par le F de fight dans les 3 composantes Fight, Flee, or Freeze de la réaction des animaux en danger.
Quelques réactions du groupe qui m’ont plu :
- C’est un ordre ?
- Ah !
Et j’aurais pu dire :
- J’ai peur de perdre mon temps.
- Ai-je le choix ?
- Et si je ne le fais pas, quelle est la conséquence ?
Le besoin d’équilibre dans une association
Très souvent, dans une association, il arrive que le besoin d’équilibre entre donner son temps et recevoir d’une personne soit satisfait par le fait « d’être vue », c’est-à-dire d’avoir des personnes « sous ses ordres » qui la regarde et qui lui donne l’impression d’être en vie, comme beaucoup d’hommes politiques. Ceci se fait souvent au détriment de la qualité du service rendu, car l’association ne cherche pas la compétence mais la disponibilité des intervenants.
Si vous êtes dans une association, posez-vous la question « comment cet équilibre est-il satisfait ? »
En conclusion, chacun fait du mieux qu’il peut, vous et moi compris
Comme le disait Marshall Rosenberg, « Si tu ne veux déplaire à personne, fais le mort ». Et j’avais pris le risque en posant ma question.
Cette expérience m’a permis de comprendre ma réaction et d’arrêter d’avoir des regrets ou des remords. J’ai compris qu’en disant « non », je répondais à un besoin de préserver mon temps et que j’avais compris qu’il était inutile de passer encore plus de temps avec cette personne.
Pour aller plus loin
Les rêves de mon père de Barack Obama. Dans ce livre autobiographique, Barack Obama parle de son travail social et montre l’intérêt tout personnel que toute personne a dans sa motivation.
Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.