Explorons un cas bi-triangulaire assez original, la remarque d’un responsable d’un centre de loisir sur le comportement de votre fils. Ce pourrait être tout autant celle d’un éducateur ou d’un professeur vis à vis d’un parent d’élève.
Passons en revue ce qu’est la relation triangulaire en général, puis notre cas fort instructif sur la circulation des rôles dramatiques et comment resté centré sur les besoins de votre interlocuteur pour vivre une communication bienveillante sans triangle dramatique.
Le piège du triangle dramatique
Quand une personne vous parle d’un tiers, la tendance « naturelle » est de suivre la bécasse, le sujet du tiers. Le triangle dramatique comprend 3 protagonistes : la Victime, le Persécuteur et le Sauveur et, la plupart du temps, c’est le Sauveur qui fait appel à sa bonne conscience pour poursuivre le Persécuteur. Voici un dessin standard montrant la culpabilité induite par cet appel à la « bonne conscience ».
Comme le dit Bert Hellinger, « Nul ne fait appel à sa bonne conscience pour faire le bien ».
Voici le dessin représentant le circuit des triangles dans notre cas. Dans notre premier triangle de droite, l’enfant est le Persécuteur d’une Victime qui va éventuellement se plaindre à l’éducateur, qui devient le Sauveur. L’éducateur, afin de sauver la première victime, devient la victime de l’enfant et demande au parent de le sauver en faisant toujours appel à cette sacrée bonne conscience en disant « il y a un souci avec votre enfant » alors qu’il y a plutôt un souci avec l’éducateur qui ne sait pas comment se débrouiller avec les enfants. Vous suivez ?
La tentation du parent (Sauveur de l’éducateur) est de rendre l’enfant (pseudo persécuteur complètement innocent) responsable des émois de la Victime (l’éducateur dans notre cas) et sûrement du parent qui se sent mal à l’aise, pensant qu’il a mal éduqué son fils…. Le tout en occultant la « victime » du départ.
Il y a un souci avec votre fils
Passons à la pratique, la communication bienveillante. Le responsable précise à la mère que l’enfant a baissé le pantalon d’un autre enfant qui l’avait embêté. Surtout, restons centré sur les besoins du parent ou de l’éducateur. Dans notre groupe, le parent a lâché son chacal ainsi….
Et qu’est-que vous faisiez pendant ce temps-là ? Ce n’est pas votre rôle de surveiller les enfants ? C’est la jungle alors que vous êtes censés vous en occupez !
Cela peut vous faire du bien. Alors, quand vous lâchez votre chacal, jugez et généralisez !
Le besoin le plus important du parent est de contribuer au bien-être du fils… Après l’avoir contacté, il a pu trouver directement le besoin d’aide du responsable ! Souvent, le persécuteur a besoin d’aide et il n’ose pas le demander.
Tu as sûrement une excellente raison d’avoir fait ce que tu as fait
Passons maintenant à un dialogue bienveillant entre le parent et l’enfant. Il est primordial d’anticiper la beauté du besoin de l’enfant à l’origine du comportement et vous pouvez commencez par le lui dire et de continuer ensuite par la question « j’aimerais comprendre. Tu peux m’expliquer ? »
La personne jouant l’enfant a d’abord dit « je veux me venger« . Il indique ainsi son besoin d’équilibre entre donner et recevoir que certains nomment justice.
Comme l’enfant a reconnu son besoin d’équilibre, il est important de continuer à lui donner de l’empathie en lui posant la question :
Tu as envie de me dire autre chose ?
Cela lui permet de « vider son sac ». En répondant « je n’ai pas envie que cela se reproduise« , l’enfant signifie son besoin de sécurité. Nous avons exploré la demande par la question « qu’est-ce que tu pourrais faire ou qu’est-ce que je pourrais faire pour t’aider à remplir ton besoin de sécurité ?«
- Jouer avec les enfants avec qui je me sens en sécurité.
- Allez voir le responsable pour lui demander de l’aide.
- Dire au responsable les personnes avec qui j’ai envie d’être.
- Et si cela recommence avec une personne que j’ai signalé, je me débrouille.
Puis nous sommes allés dans le besoin du parent qui avait peur du harcèlement, de la dynamique Victime / Persécuteur. C’était un besoin tout d’abord de sécurité et de s’accepter comme il est, puis de vivre dans un monde en paix et de faire le deuil d’un monde idéal de bisounours.
En conclusion
Le besoin du responsable est un besoin d’aide, ceux de la mère est de contribuer au bien-être de son enfant et de vivre en harmonie dans un monde de paix et ceux de l’enfant sont un besoin d’équilibre et de sécurité.
Nous aurions pu aller plus loin en expliquant à l’enfant comment être empathique avec l’autre enfant et imaginer une « réconciliation » entre les deux… afin de célébrer les conflits et les résolutions de conflits. Je ne l’ai compris qu’en rédigeant l’article.
Pour aller plus loin
Deux livres sur l’école et les enfants :
- Just schools. Un livre génial sur la justice restauratrice à l’école.
- Élever nos enfants avec bienveillance, de Marshall Rosenberg.
Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.