Soyez conscient de la compétence de la personne à laquelle vous demandez du soutien. J’ai compris récemment qu’il était impossible d’en obtenir dans certains cas.
Si elle se situe à un des sommets du triangle dramatique, vous avez peu de chances d’en obtenir.
Le contexte et le stimulus
J’ai hébergé à plusieurs reprises des personnes émigrées d’Afrique de l’ouest en passant par une association. A chaque fois, j’ai été déçu, les personnes m’adressant très peu la parole, se réfugiant dans la chambre que j’avais mise à leur disposition et partant le matin, me disant merci une fois sur deux. Seule la présence d’une fille d’un an égaya un séjour, et j’ai alors pris conscience qu’elle était la seule personne à n’avoir pas fait de choix de partir de son pays de naissance.
Hésitant à renouveler l’expérience, j’ai échangé une première fois avec un responsable de l’association, pour m’aider dans mon choix de continuer ou non à héberger des émigrés. Il m’a aidé en me disant chercher si ce comportement de personnes hébergées en urgence était structurel ou conjoncturel, en demandant l’avis d’autres hébergeurs.
Puis, la personne qui avait dispatché les demandeurs de la veille m’a envoyé un texto. Lui répondant que j’étais déçu de l’expérience, l’échange étant minimaliste, elle m’a répondu :
Ils étaient peut-être très fatigués ? Si vous voulez en rediscuter plus longuement, n’hésitez-pas à me contacter.
Et comme j’avais répondu « j’hésite », elle m’a téléphoné, prenant position pour eux sans s’intéresser le moins du monde à mon besoin. J’ai alors interrompu la discussion, voyant que c’était une impasse. Comme je n’étais pas en paix et que je voulais comprendre pourquoi elle restait dans cette position, je l’ai proposé comme exemple dans mon groupe de pratique de CNV. Voici le résultat.
Les triangles dramatiques imbriqués
Nous retrouvons le même scénario de triangles imbriqués que dans « Il y a un souci avec votre fils« . Une personne sauveuse devient persécutrice d’une autre en n’osant avouer son besoin d’aide et en faisant appel à sa bonne conscience pour persécuter son « sauveur ».
Dans un premier temps, le bénévole est un sauveur de l’émigré, victime de l’État qui ne l’héberge pas, et il demande à un hébergeur de l’aider, de le sauver… d’où nos deux triangles dramatiques imbriqués.
Puis, quand l’hébergeur, moi en l’occurrence, a envie d’arrêter de sauver la pseudo-victime, en rappelant au bénévole que l’émigré n’est pas une victime et qu’elle a le choix en tant qu’adulte, le bénévole sauveur ne le supporte pas. Il m’avait même répondu « c’est un peu facile », faisant appel à sa « bonne conscience » pour faire passer l’hébergeur pour un persécuteur. J’espère que vous avez suivi… Passons aux solutions.
Les besoins et les demandes possibles
J’étais confus sur ce qui s’était passé et mon « partenaire » CNV a eu du mal à séparer le besoin initial insatisfait lors de l’hébergement, le partage, et le besoin insatisfait lors de l’entretien avec la bénévole, le soutien. En réalité, je demandais une aide à la décision pour savoir si je continuais ou non. L’objectif de la communication n’avait pas été clairement posé au début de la conversation et je pense que c’est la raison pour laquelle cela a dérapé.
Dans notre jeu de rôles, la bénévole était incapable de soutien envers moi car elle était trop envahie par la peur d’être impuissante, n’étant pas en paix, comme tout sauveur professionnel face à une victime en détresse.
En conclusion
Quand la communication dérape, revenez à l’intention : quel est l’objectif de la communication ? Surtout quand c’est une personne bénévole qui risque de ne pas prendre du recul sur sa dynamique de sauveur compulsif dans un triangle dramatique.
Une solution consisterait à l’aider à être en paix, même quand les autres vont mal… et si elle a envie d’être aidée. Depuis, j’héberge maintenant un réfugié du Tibet recommandé par une amie de ma fille et mon besoin de partage et d’équilibre est largement satisfait.
Si vous avez des remarques, laissez-moi un commentaire.