Les mythes engendrent des règles d’appartenance « mythiques » auxquelles il est difficile de résister.
Voici l’exemple d’une tante pseudo-sauveuse qui se réclame d’une règle du père Noël pour persécuter son neveu.
Le stimulus
Une personne de 40 ans déclare à sa tante qu’il ne veut pas organiser la fête de Noël chez lui si son oncle vient.
Le dialogue bienveillant
Voici le dialogue imaginé en groupe de pratique avec la tante. Au début, elle peut « lâcher » son chacal, c’est-à-dire critiquer son « sparring neveu » pour lui donner du « grain à moudre », des pistes pour identifier ses besoins…
- Stimulus du Neveu : je ne fêterai pas Noël si mon oncle est présent.
- Tante : La trêve de Noël est importante pour moi. Cela me gêne. Est-ce que tu ne trouves pas que ton ressentiment est disproportionné par rapport à ton oncle ? Tu te coupes socialement.
- Neveu : as-tu besoin de transmettre tes valeurs ?
- Tante : je suis sincère parce que je trouve ça dommage. Tu pourrais mettre ça dans ta poche le temps de la trêve pour ne pas te couper de la famille.
- Neveu : aimerais-tu te sentir en vie ? De connexion ? D’appartenance ?
- Tante : tout à fait. Cette famille est importante pour moi, pour nous tous. Pourquoi tu t’en détaches sous un faux prétexte, pour quoi tu t’infliges ça ? Tu nous fais chier accessoirement. (La tante fait appel à sa règle pour culpabiliser le neveu…)
- Neveu : Tu as besoin de cette harmonie familiale ?
- Tante : oui, elle a été importante pour ma construction et celle de mes enfants…
- Neveu : tu ne serais pas en paix si ces règles n’étaient pas respectées ?
- Tante : ça m’adoucit quand je comprends ton besoin de liberté… même si je n’ai pas à comprendre ton motif. Je comprends mieux ton positionnement.
- Neveu : tu ressens aussi ce besoin de liberté par rapport à certaines règles ?
- Tante : je n’ai pas dit ça. Je dis juste que je suis rebelle et que je n’accepte pas toutes les règles. Mais je n’ai pas envie de faire valser cette règle. (Quel est le besoin le plus important ? Liberté ou appartenance ?)
- Neveu : tu aimerais être plus authentique ?
- Tante : oui. C’est le plus important. Tu me fais comprendre que l’authenticité est au dessus de la règle. Et je suis authentique quand je dis que pour moi, Noël, c’est la trêve. (Pas vraiment)
- Neveu : j’ai besoin de relations authentiques et ce ne sera pas le cas avec mon oncle. Comment c’est pour toi…?
- Tante : je comprends. Mais ça fout en l’air si chacun est authentique.
- Neveu : tu es plutôt en colère quand je te précise mon besoin d’authenticité ?
- Tante : non, plutôt triste
- Neveu : je suis désolé, mais je ne peux par remplir ton besoin d’appartenance…
- Tante : je suis intervenue comme sauveur, mais je n’en ai rien à faire. (Quelle authenticité !)
- Neveu : c’est parfait. Je suis content de te voir réagir ainsi.
- Tante : je n’accepterai pas la même chose de mon fils !
- Neveu : je suis content de ne pas être ton fils. Je préfère que vous passiez Noël sans moi.
Et nous avons interrompu le jeu de rôle, la tante acceptant que le neveu ne fête pas Noël en famille.
En conclusion : règle et bonne conscience
La « bonne conscience » est une indication de respect d’une règle d’appartenance. Le pseudo-sauveur persécute au nom de sa bonne conscience « la magie de Noël » dans notre cas. Il lui est très difficile de se rendre compte de son inhumanité qui préfère « corriger » avant de se « connecter ».
Grandir signifie prendre soin de soi et de clarifier les règles d’appartenance pour décider en toute conscience de sa bienveillance. « Obliger les personnes à venir à Noël » sous prétexte de respecter la trêve de Noël est une règle inhumaine que le pseudo-sauveur est prêt à faire respecter en se sacrifiant pour la bonne cause.
Dans notre cas, il a été salutaire de mentionner les besoins de liberté, d’authenticité pour faire évoluer et recentrer la tante, déguisée en père Noël fouettard.
Les « valeurs » sont souvent un appel à l’intolérance, comme dans la valeur « travail », la valeur « autorité » ou « tolérance zéro ». Il est donc essentiel de vérifier si votre groupe d’appartenance est tolérant envers ceux qui remettent en question la règle… Et si la règle est transparente « Si tu ne veux pas fêter Noël avec nous ».. que se passe-t-il ? Seras-tu toujours le bienvenu ou seras-tu exclu des cadeaux parce que tu t’es mal comporté ?
Comme je n’aimais pas mentir à ma fille et lui faire croire au père Noël, je lui ai demandé comment c’était pour elle. Elle m’a répondu « si je n’avais pas ce que j’avais demandé, c’était la faute du père Noël et non la tienne ».
Pour aller plus loin
Des articles :
- Méfiez-vous des valeurs d’autrui.
- Pourquoi travailler ?
- Les 3 règles à respecter dans un système bienveillant.
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