Osez-vous interrompre votre interlocuteur ?

Quelle est votre réaction quand vous perdez le fil de la communication avec votre interlocuteur ?  Quand il parle continuellement d’un sujet qui ne vous intéresse pas ou quand vous ne comprenez pas où il veut en venir ?

Osez-vous l’interrompre ? Ou restez-vous muet en attendant la fin du monologue ? Voici quelques exemples de situations :

  • Un informaticien vous parle des problèmes qu’il a avec son logiciel et vous n’y comprenez rien du tout.
  • Votre mère ou votre grand-mère vous parle de ses problèmes de santé qui sont récurrents.
  • Un troisième vous parle de différentes théories de psychologie.
  • Un quatrième vous détaille une exposition qu’il a visitée et dont vous n’appréciez pas le style.
  • Une cinquième personne vous parle avec enthousiasme d’une série télévision qu’elle adore et vous ne regardez jamais la télévision.
  • Quelqu’un se plaint de ses enfants et vous n’aimez pas les enfants.

Imaginez ce que vous pouvez dire à ses personnes pour les interrompre et favoriser une qualité de connexion…  Voici quelques pistes.

Précisez votre intention…

Centrez-vous d’abord pour connaître votre besoin  et votre intention.  Est-ce que vous avez envie de communiquer avec la personne qui est en face de vous ? Est-ce que vous avez envie d’être plus calme ? Voici ce que vous pouvez lui dire pour préciser votre intention :

  • Je voudrais savoir en quoi je peux être utile.
  • Je voudrais comprendre savoir ce que tu attends de moi.
  • Je voudrais être calme à l’intérieur de moi.
  • Je voudrais savoir ce que cela te fait à l’intérieur de toi.

Vous pouvez aussi préciser votre sentiment : une sensation d’étouffement, un brouillard dans la tête, la sensation d’être perdu…. Et que va répondre votre interlocuteur ?

Et attendez-vous à des remarques acerbes…

Supposons qu’il vous réponde ainsi….

Interrompre une personne

Vous avez interrompu une personne et elle vous répond : quel toupet tu as de m’interrompre !

Votre voisin fume

Vous avez dit à votre voisin que la fumée vous indisposait et il vous envoie la fumée dans le visage en disant. « Vous avez un problème avec la fumée de cigarette ? »

Faites remarquer à votre voisin qu’il interrompt les autres

Vous avez exprimé votre besoin de partage et de temps pour chacun et votre voisin dit : « tu es en train de me juger ! »

Une personne vous dit « j’ai compris, je vois ce que tu veux dire ».

Vous avez exprimé votre besoin de compréhension et de précision à votre interlocuteur qui vous réponds : « mais j’ai très bien compris ce que tu veux dire, pourquoi veux-tu que je répète ? »

Une personne exige quelque chose de vous

Vous lui avez dit que vous aviez besoin de 10 mn pour réfléchir et elle s’en va.

Que pouvez-vous répondre ? Concentrez-vous sur votre besoin et votre intention…

7 réflexions au sujet de « Osez-vous interrompre votre interlocuteur ? »

  1. Bonjour Michel 🙂

    C’est toujours un plaisir de revenir ici et de relire tes articles…car ils font toujours écho à mes expériences relationnelles.
    Je cite un exemple : je travaille dans l’enseignement spécialisé et je suis la seule personne ayant le même problème d’ouïe que les jeunes sourds. Nous utilisons donc la langue des signes entre nous de manière aisée. Il y a une adolescente genre « garçon manqué » qui aime toujours être le point de mire du groupe en racontant de vécus qui ne sonnent pas toujours vrai. Or, nous les savons tous et je n’ose pas toujours lui dire devant tout le monde genre : « Arrête ton histoire ! C’est n’importe quoi car tu mens, tu l’as rajouté! ». Par contre, lorsque je suis seule avec elle, je parviens à lui dire gentiment : « Raccourcis ton histoire, s’il te plaît ! ». Et ça la fait sourire ! Je pense que je devrais quand même trouver une formule pour l’interrompre au bon moment, là où son récit devient de trop pour les autres. Vu que je servirais d’exemple pour les autres pour une communication plus authentique.

    • Je pratique souvent cet exercice car il est un des plus difficiles avec celui de recevoir la colère d’autrui.
      En effet, le « je commence à être un peu perdue.. Dis-moi ce qui est vraiment important ? » aide la personne à se recentrer et à se connecter à ce qui est vivant en elle. Toi qui a un problème d’ouïe, que penses-tu du « besoin d’être entendue » ?

  2. Il m’est venue une autre idée. J’ai constaté que de joindre le geste à la parole renforce le message « Je t’arrête car j’aimerais savoir ce qui est essentiel dans ce que tu dis… » Par exemple en mettant la main face à l’autre.

  3. Merci de tes réponses car je les attendais…
    C’est vrai que ma déconnexion m’aide à revenir sans cesse en moi et partout…
    Je sais qu’il y a beaucoup de choses dont je n’ai pas envie d’entendre de la part des autres : des histoires qui ne me regardent pas ou des histoires plaintives et envahissantes. Est-ce pour moi une manière d’apprendre à dire à l’autre personne : « Stop ! Arrête ton histoire, s’il-te-plaît ! Car cela ne me regarde pas et je ne suis pas censée savoir sur les commérages ! » Par contre, j’ai très besoin de dire ce que j’ai à dire et d’être entendue et il n’y a pas longtemps que j’ai pris conscience de cela.

    • Là réside tout l’art de la connexion et de la reformulation. Imagine un « peacometre » ou un « pausomètre » intérieur : à 0% tu n’es pas du tout en paix, à 100%, tu l’es complètement. A moins de 60% tu t’occupes de toi, à plus de 60% tu t’occupes d’autrui. Quand les histoires sont « plaintives et envahissantes », tu as le choix entre dire :
      – quand tu parles de…, je perds de l’énergie et j’aimerais rester en paix. Qu’est-ce que cela te fais quand je te dis cela ?
      – je décroche, j’aimerais savoir qu’elle est ton intention quand tu me racontes cette histoire ? Cherches-tu de la compassion, une solution ?
      Dans les 2 cas, tu oses dire, tu existes et tu prends le risque de montrer ce qui est vivant en toi.
      Une troisième voie, suggérée par Bert Hellinger, est d’aller aux toilettes. Les personnes qui se plaignent sont des « vampires émotionnels » et il est préférable de s’en éloigner pour conserver son énergie.
      Je vois que tu es sensible au besoin de dire (s’exprimer) et besoin d’être entendue… beaucoup moins clair.

  4. j’ai l’impression que la solution peut aussi être une technique de
    contre-manipulation ( il y a d’autres techniques sur internet , notamment la technique du brouillard avec l’utilisation du “on” au lieu du je…..!!!!! )
    ce serait une réponse non-agressive à un manipulateur
    qu’en penses tu ?

    • « Non agressive » peut-être, mais non empathique aussi. « On a gagné » par exemple ? Surtout face à un « manipulateur » dont « on » a sûrement une vision négative. On a compris ?

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